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mardi 30 juin 2020

Warubu Bdrum'bgu dans les traductions de E.A.



Warubu Bdrum'bgu (John Williams), 1884-1927

New-Yorkais, natif de Harlem, John Williams fait ses études en Europe (et notamment il suit des cours de linguistique comparée à la Sorbonne). Fleuve, 1916, son premier recueil, réunit des poésies écrites en anglais et en français à peu près à part égales. Les critiques s'accordent pour noter l'influence de Mallarmé sur le jeune poète. Se tournant de plus en plus vers ses racines, il prend le nom africain de Warubu Bdrum'bgu et part pour l'Afrique pour ne plus jamais quitté ce continent dont il est le fils. Il passe le reste de sa vie à collecter le folklore africain, dont de plus en plus s’imprègne sa poésie. Dans les recueils Les Crocodiles, 1924, Boumba, 1926, à l'exception des quelques poésies en français dans Boumba, Warubu, le pan-africain, choisit l'anglais pour s'exprimer.


Warubu Bdrum’bgu
Варубу Бдрумбґу

La Plainte du propriétaire

J’avais pourtant dit que l’on ne doit pas
Faire passer au guet le bétail
A la pleine lune.
Mais ma vieille mère m’assurait
Qu’elle connaissait la formule pour ensorceler la lune.
Maintenant, cela ne sert à rien
Que de courir le long de la berge
En frappant le sable de mon bâton.
Le sable ne me rendra pas le bétail
Que la lune a prise.

* * *

Boumba tient le ciel entre ses dents,
Et les chasseurs ne voient pas le tigre.
Boumba tient une rivière derrière l’oreille,
Et les bisons ne trouvent pas à étancher leur soif
Boumba circule dans le regard des chasseurs
Boumba circule dans les ronflements des bisons,
Boumba circule dans les reins des amoureux.
Les lèvres de Boumba sont deux ciels,
La marche de Boumba deux bougies
Que l’on allume pour les morts.
Lorsque Boumba est magicienne
Ne dormez que sur le côté droit
Et ne mangez pas de salaisons.

Boloungo et la mort

"Tu es vieux et impotent",
dit le Caméléon à Boloungo
"Donne-moi ton bétail,
Que je fasse les semailles sur la Lune." –
"Aie pitié, le Caméléon,
Attends qu’il fasse jour,
Les ombres s’allongent et je ne te vois pas bien." –
"Cesse de lambiner, Boloungo, et ne fais pas de feu,
Donne-moi ton bétail,
Personne ne viendra à ton secours." –
"Aie pitié, le Caméléon,
Prends plutôt un peu d’eau dans la cruche,
Que l’on a mis à mon chevet,
Au lieu de bougies, pour attendre l’aurore."
Et c’est ainsi, à ce que disent les gens,
Que chaque nuit Boloungo mène palabre avec sa mort.




Goboudou chante

Boumba est une sorcière – oui
J’en suis témoin.
Oui, Boumba possède la pierre de crocodile
Oui, Boumba possède la boîte de fer blanc
                                                      qui fait venir la pluie et les épidémies.
Oui, je vous le dis, Boumba possède la boîte en fer blanc
                                                      dont elle se sert comme d’un miroir
Boumba possède la blanc-boîte, cadeau des Blancs,
Ceux qui vivent derrière les Grandes Montagnes,
Ceux qui devraient avoir honte, surtout la nuit, de porter la peau blanche.
Je crois que le Dieu-qui-monte-un-éléphant
reviendra bientôt remettre de l’ordre
et qu’Il leur accordera de couvrir leur indécence ne serait-ce qu'avec la peau de l’éléphant gris !

















Traduit de l'anglais et du français vers l'oukraïnien par Emma Andievska.
Et de l'oukraïnien en français par moi-même, O.M.

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