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samedi 30 juin 2018

Sentsov, 48ème jour de la grève de la faim

[The time is running out]
46 днів як ввімкнув зворотній відлік своєї пекельної машини "терорист" Олег Сенцов.
"Ми просто йшли, у нас нема зерна неправди за собою."


Ce 30 juin 2018, France Culture (radio d'Etat) publie une tribune de l'ancienne Garde des Sceaux, Christiane Taubira :
"La fête du football devient obscène"

Et maintenant je vous propose un jeu : trouvez sur le site de la radio cette "Tribune" sans utiliser le module de recherche (en haut à droite).


Étonnant, non ?

Je fais un copier/coller du texte ici :


Oleg Sentsov en grève de la faim : "La fête du football devient obscène", par Christiane Taubira

L'ex-ministre de la Justice réclame "un puissant pour parler au puissant" Poutine et obtenir la libération du cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, condamné à 20 ans de prison en 2015 et en grève de la faim depuis 48 jours,.
Il y a de cela quarante-huit jours. Le message est terrible : Oleg Sentsov entame une grève de la faim. Je suis d’abord saisie de colère. Et je le dis. Une colère embrasée et tendre. Embrasée parce que je sais le risque immense, je connais le paradoxe de ce procédé de lutte. Là où les vigies sont encore libres d’agir, la société civile relaie, l’opinion publique réprouve, les autorités cèdent parfois. Parfois. Plus souvent, cette mise en danger de soi offre aux pouvoirs forts et démonstratifs une aubaine : se sculpter le caractère. Infaillible. Inflexible. 

Bobby Sands a 27 ans. J’ai presque le même âge et de la rive sud de l’Atlantique, depuis l’Amazonie, je lis, j’écoute, je scrute, j’implore en silence, je traque la moindre nouvelle, elle ne peut rester d’airain, elle comprendra, elle discutera, elle décidera, il y a bien ce quelque chose, tant pis s’il n’a pas de nom évident, ce quelque chose qui, même au plus profond désaccord, nous garde humains. Quelque chose de plus précieux que la notoriété, l’autorité, la puissance, quelque chose qui, justement leur donne sens. Non, madame Thatcher laisse mourir Bobby Sands et ses compagnons. ‘Our revenge will be the laughter of our children’ assure-t-il, mourant. Faut-il beaucoup d’amour pour les siens, beaucoup d’espoir en l’avenir, beaucoup de confiance et de ferveur pour consentir au sacrifice de soi pour le mieux des autres, malgré l’indifférence des gouvernants et le silence du monde. 

Oleg Sentsov a des enfants, de sa chair et de son sang. Le témoin à charge dit l’avoir accablé sous la torture. Ni guerre ni paix. Protester contre une invasion, aimer sa terre sans être enragé contre les autres, se dresser en riant et en créant c’est défier la force brute dans l’entre-deux d’un temps et d’un monde féroces et détraqués.  C’est puni d’un châtiment sans crime.

Ma colère est tendre parce que dans cet acte il y a autant de désespoir que de volonté, autant de sincérité que de force, autant de détermination que de désintéressement. 

Quarante-huit jours. Ne resterait-il nulle part, ni chez nous ni ailleurs, dix, ou six, ou deux, ou un, juste un puissant qui puisse parler au puissant ? La fête du football devient obscène, ses vertus englouties sous le sang qui ralentit sa course dans le corps et le cerveau d’Oleg Sentsov. 

Christiane Taubira

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