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Lui l’anar de cœur, qui se dit sceptique à l’égard des processus
politiques, reconnaît que l’anarchie ne peut plus être un refuge;
beaucoup de choses le requièrent en tant que citoyen à présent, à
commencer par la guerre, les réflexions qu’elle suscite, l’attitude
qu’elle requiert. «A l’évidence, soutenir l’armée n’est pas une position
d’anarchiste, pourtant je soutiens l’armée, car aujourd’hui, c’est elle
qui défend ma liberté.»
Devant les 400 invités présents lundi passé dans la grande salle du
Théâtre de Vidy, il a comparé la liberté à un privilège, dont est le
plus souvent privé l’homme moderne; et «que les écrivains se gardent […]
pour ne pas plier, appeler les choses par leurs noms». Privilège
d’autant plus exigeant qu’il implique des devoirs, qu’il «s’éduque »,
tant sur le plan individuel que collectif.
C’est ce qu’il nous confiait quelques heures plus tôt à propos des
difficultés politiques et institutionnelles que rencontre l’Ukraine
postsoviétique. Le processus historique dans lequel est pris le pays
sera long, «mais je pense que d’ici quelques années, ce sera un pays
tout à fait différent, un pays, j’espère, plus responsable.»
Reste pour l’écrivain à poursuivre, par ses œuvres et ses
engagements, l’exercice de cette liberté qui lui faisait écrire en 2014
dans
Journal de Louhansk: «Il n’y a jamais trop de liberté. On n’a juste pas assez de cœur. Et d’intelligence.»
Maxime Maillard