"dialogue entre la France et l'Ukraine" : le babil d'un diplomate rabroué par la société civile
En poste à Paris depuis deux ans, l'Ambassadeur de l'Oukaïne en France, Oleh Chamchour (Oleh Shamshur en anglais) vient d'avoir l'idée de s'adresser à la population française au moyen d'un blog : "Notes non-diplomatiques d'un diplomate: le blog de l'Ambassadeur d'Ukraine en France". Sur le site de l'Obs.
Ce n'est pas sa première tentative de faire entendre la voix de l'Oukraïne en France. (En France plutôt qu'en français.) Une lettre ouverte aux éditions Larousse publié sur les réseaux sociaux fut cité par petits fragments dans les médias français. Le géant de l'édition avait à l'époque traité l'Ambassadeur d'Oukraïne par le mépris : "Nous ne souhaitons pas nous mêler à cette polémique."
Cette fois les propos de Son Excellence n'ont aucunement été répercutés par la presse française, mais cependant ils ont donné lieu à une réponse d'activistes (pro)oukraïniens. En français.
"certains de vos propos sont presque trop pondérés"
"nous considérons, néanmoins, que votre approche est insuffisante et, pardonnez-nous, quasi-défaitiste"
"A chaque événement pénible, l’ambassade fait part de sa consternation et puis elle sort des écrans..."
Une première tentative de critique adressée à la représentation diplomatique oukraïnienne en France, mais sans doute pas la dernière.
Cependant cette réponse contient une opération comptable frauduleuse qu'il convient de dénoncer. D'autant que les auteurs écrivent à juste titre que "L’Ukraine ne doit pas traiter avec dédain les arguments économiques de ceux qui réclament la levée des sanctions."
"certains de vos propos sont presque trop pondérés"
"nous considérons, néanmoins, que votre approche est insuffisante et, pardonnez-nous, quasi-défaitiste"
"A chaque événement pénible, l’ambassade fait part de sa consternation et puis elle sort des écrans..."
Une première tentative de critique adressée à la représentation diplomatique oukraïnienne en France, mais sans doute pas la dernière.
Cependant cette réponse contient une opération comptable frauduleuse qu'il convient de dénoncer. D'autant que les auteurs écrivent à juste titre que "L’Ukraine ne doit pas traiter avec dédain les arguments économiques de ceux qui réclament la levée des sanctions."
En l’occurrence la France a payé sa politique étrangère bling-bling. M. Vladimir Poutine a d'ailleurs parlé de ce contrat comme d'un pot-de-vin à M. Nicolas Sarkozy. Mettre l’incompétence structurelle française (diplomates, universitaires, journalistes, politiques...) sur le compte oukraïnien est parfaitement inadmissible.
La voix de l'Oukraïne, telle qu'elle se fait entendre :
réflexions personnelles sur la politique internationale, le dialogue entre la France et l'Ukraine
Il n'y a pas longtemps, l'Assemblée nationale française est devenu le théâtre d’un évènement assez troublant. M. Thierry Mariani a mise en scène le vote d’une résolution invitant, contrairement à la position du gouvernement français, à lever les sanctions contre la Russie.
De manière grotesque, la résolution englobait pêle-mêle toutes les sanctions contre la Russie, l'embargo sanitaire, les mesures restrictives suite a l'annexion de la Crimée, les sanctions liées à l'agression dans le Donbass… En poussant cette résolution M. Mariani et 55 de ses amis ont non simplement envoyé une « déclaration d'amour » presque parfaite au régime de Monsieur Poutine, mais ont avoué leur propre cynisme politique.
Malgré
tout je ne veux surtout pas ni de consacrer trop d'attention, ni faire
la promotion des initiatives de M. Mariani, ce que fait d’ailleurs très bien la propagande russe. Au lieu de cela, je voudrais vous faire part de quelques réflexions, que m'ont inspiré les débats des députés lors du vote.
Quand certains politiciens et des experts français philosophent sur la nécessité de lever les sanctions contre la Russie, malheureusement, ils oublient que nous avons à faire à une situation tout à fait clair – un état a commis les actes d'agression et d'annexion contre un autre état souverain. Point barre.
Il me semble que les députés français, même parmi ceux qui se sont opposés à la résolution, dépensent beaucoup plus d'efforts pour comprendre et « expliquer » les actions de la Russie prétendument « provoqués » par l'Occident. Plutôt que de forcer le Moscou de remplir ses obligations internationales.
Et
je ne pourrais jamais comprendre comment dans un pays tellement dévoue
aux principes de la liberté et de la solidarité on peut presque ignorer
le fait que des hommes politiques au mépris du droit international et de
la position de leur pays fanfaronnent à l'occasion de leurs voyages en
Crimée annexée, où les droits de l’homme sont systématiquement violés,
et qui est transformée par la Russie en une base militaire puissante menaçant non seulement l’Ukraine, mais aussi la France et ses alliés.
Il y a peu de temps, lors d'une rencontre informelle à Paris j'ai eu l'occasion d'entendre la phrase d’un expert, que, je pense, est très symptomatique pour une partie non négligeable de la classe politique française et l’opinion public en général. Il a appelé la situation en Ukraine « la crise ambiguë ». Hélas certains experts et les politiciens français perçoivent tout ce qu’est arrivé à l'Ukraine suite a l'agression brutal de la Russie exactement de la même façon. Soit parce que leur connaissance de la situation n’est pas assez approfondie, mais, je crains, plutôt parce qu'ils ne veulent pas en savoir plus, préférant la havre de la myopie politique.
L'Ukraine est une victime d’agression du Kremlin. Poutine lui-même reconnaît les préparations depuis longtemps d’annexion de la Crimée, ainsi que la présence de militaires russes en Donbass, en se moquant des hésitations de l'Occident du type "être ou ne pas être".
Le
résultat de ce vote à l’Assemblée dévoile une triste réalité: les
chansons douces des sirènes russes trouvent facilement des oreilles
compatissantes dans les milieux politiques français.
Ce
dévoiement des certains parlementaires français est une profonde
déception pour moi tout d’abord en tant que citoyen de l'Ukraine - un
pays, qui malgré les défis et les incertitudes, continue de se battre
pour défendre son avenir européen et sa souveraineté.
Malheureusement,
comme on le sait maintenant, la même « initiative » visant à blanchir
le pays agresseur, risque de se reproduire le 8 juin au Sénat, où le
sénateur Pozzo di Borgo proposera au vote une résolution pour la levée
des sanctions à l'encontre de la Russie.
S.E.M. Oleh Shamshur
http://notesnon-diplomatiquesambassadeurukraine.blogs.nouvelobs.com/
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