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mercredi 19 avril 2017

Nicolas Gogol a-t-il été un chahid du rire ?

Collage de Marie-France Clerc
Pour compléter l'étude du premier cas d'âme oukraïnienne ("regard extérieur, hostile"), réalisée lors des premières Rencontres avec la poésie oukraïnienne, voici ce qu'en disait il y a quelques jours sur Hromadské Radio le philologue Pavlo Mykhed :


06’01’’... Il a infecté la Russie de son rire.  Et la Russie s’est mise à rire, et ne pouvait plus s’arrêter de rire. Et l’objet de sa moquerie, si nous prenons par exemple le Révizor, sont les fondements même de l’Etat russe.  Et là nous avons affaire à l’aspect pour ainsi dire néfaste de Hohol (Gogol) pour la culture russe, qu’avait le mieux exprimé  Vassily Rozanov.  Le grand <écrivain> Rozanov, qui ressentait de façon génial le fond russe, la russité. Qui, dès ses premiers articles et jusqu’à son dernier souffle, a lutté contre Hohol. Hohol a été le principal objet de ses invectives  féroces. Il disait, par exemple, que depuis les invasions des Tatars-Mongols il n’y eut rien de pire que Hohol. Il écrivait que Hohol avait fait découvrir les Kingstones de l’Empire.  Et que l’Empire dès lors allait sombrer. Et déjà après la révolution de 1917,  en février 1918, dans une lettre à Strouve,  Vassily Rozanov écrit "C’est toi qui a eu raison, Hohol !" Qu’il traite ensuite de Khokhol . Autrement dit pour lui ce qui importe est l’aspect ethnique, ce qui lui importe est de montrer sa différence.  Qu’il a amené dans cette culture haute, sérieuse, qu’il y a ramené le rire. Le rire destructeur.  Le rire qui a été destructeur pour l’Empire.  Et de ce point de vue-là, celui de Rozanov, il a conduit à la Révolution.

Pavlo Mykhed
Doyen de la faculté des littératures slaves à l’Univirersité Chevtchenko de Kyïv.











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