Collage de Marie-France Clerc |
06’01’’... Il a infecté la Russie de son rire. Et la Russie s’est mise à rire, et ne pouvait
plus s’arrêter de rire. Et l’objet de sa moquerie, si nous prenons par exemple
le Révizor, sont les fondements même de l’Etat russe. Et là nous avons affaire à l’aspect pour ainsi
dire néfaste de Hohol (Gogol) pour la culture russe, qu’avait le mieux exprimé
Vassily Rozanov. Le grand <écrivain> Rozanov, qui
ressentait de façon génial le fond russe, la russité. Qui, dès ses premiers
articles et jusqu’à son dernier souffle, a lutté contre Hohol. Hohol a été le
principal objet de ses invectives
féroces. Il disait, par exemple, que depuis les invasions des
Tatars-Mongols il n’y eut rien de pire que Hohol. Il écrivait que Hohol avait
fait découvrir les Kingstones de l’Empire.
Et que l’Empire dès lors allait sombrer. Et déjà après la révolution de
1917, en février 1918, dans une lettre à
Strouve, Vassily Rozanov écrit "C’est
toi qui a eu raison, Hohol !" Qu’il traite ensuite de Khokhol .
Autrement dit pour lui ce qui importe est l’aspect ethnique, ce qui lui importe
est de montrer sa différence. Qu’il a
amené dans cette culture haute, sérieuse, qu’il y a ramené le rire. Le rire destructeur.
Le rire qui a été destructeur pour l’Empire. Et de ce point de vue-là, celui de Rozanov,
il a conduit à la Révolution.
Pavlo Mykhed
Doyen de la faculté des littératures slaves à
l’Univirersité Chevtchenko de Kyïv.
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