Aujourd'hui, le 150ème anniversaire de Lessya Oukraïnka
Lessya Oukraïnka
25.II.1871-1.VIII.1913
Victoire
Longtemps je ne voulus profiter du printemps,
Je ne voulais point l’écouter
Et ses discours doux, séduisants et charmants,
Je craignais de les prendre en mon cœur.
« Non, je me fais point signe, printemps, disait-je,
Ne me charme pas et ne me flatte en vain.
Que me fait cette beauté joyeuse et claire
Quand j’ai le cœur sombre et triste. »
Et le printemps sussurait : « Ecoute-moi !
Tout profite de ma forte puissance :
Le bois touffu déjà ne pense plus au triste hiver
Et il fait le coquet en une parure verte ;
Le nuage a retenti de la foudre sonore
Et le feu de l’éclair l’illumina ;
La terre noire disparait sous les primevères…
Je donne à tous mes faveurs, comme une reine.
Puisse ton cœur obscur connaître aussi la vie
Et répondre à mon chant joyeux,
Car tout ce qui vit vibre avec lui,
Et ton cœur est vivant puisqu’il bat ! »
Tout bas la pensée murmure : « Ne crois pas à ce printemps ! »
Mais son avertissement est vain…
Déjà rêves et chants ont pénétré en moi !
Printemps, printemps, j’avoue : c’est toi qui as vaincu !
Traduction de Antoine Martel
Première publication : Anthologie de la littérature ukrainienne, La Nervie, n°VII, Bruxelles, 1928
Repris dans l’Anthologie XI-XXe, Kyïv, 2004.
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