Mykola Khvylovy, Les Ombres

Микола Хвильовий
Mykola Khvylovy

1893-1933

 

Тіні

 

 

 

Ombres

 

D'enrubannées soirées passent aux fenêtres
geignements sourds derrière le poêle, d'une tristesse grisâtre
        ... fauve ce jour d'hui...
              ... les ombres, arrivent les ombres...
              Le sifflement du fouet de Monsieur Thiers
              En selle, les gars !
                       Chevaux !
                               Chevaux !
                                       Chevaux !
               Horreur.

Et flots de sang sur le visage
... comme à l'époque à la foire.
Pourquoi donc, ô nuit, n'as-tu les sourcils plats ?
         Pourquoi ?
Pénombre, et dans les gouffres bleutés la brume,
je veux maintenant rêver en contes,
tandis que certainement le ciel s’apprête à fondre en larmes...
La vielle mendiante sac de pain dur,
le front ridé de tant de peines
le destin avait pris un chemin plein de ronces
                     Tandis que là-bas,
                                                 là-bas,
                     Ils vont déjà
                              ils vont
                                     ils vont.
                     Mais où ?
Si tendrement ils ont accostés, sont repartis
Mer agitée... oh ! Comme une baitre mon navire !
Alors la crue de nacre s'est épanché
                      ... les ombres, viennent les ombres...
                      Le sifflement du fouet de Monsieur Thiers
                      En selle, les gars !
                              Chevaux !
                                      Chevaux !
                                              Chevaux !
                      Horreur.

Trd.fr.O.M.

N.B. Il y a 150 ans, la Commune de Paris était défaite. La dernière barricade, rue Fontaine au Roy, est tombée aujourd'hui, il y a 150 ans de cela.

Il y a 88 ans de cela, le 13 mai 1933, Mykola Khvylovy se tirait une balle dans la tête. Lui qui disait "Je préfère me dire Communard, plutôt que Communiste."