La LICRA célèbre ses 90 ans !
La LICRA, antiraciste depuis 1927
par Alain Jakubowicz, président de la LICRA
La LICRA célèbre en ce 26 octobre 2017 ses 90 ans. En effet, l’idée de la LICRA est née le soir du 26 octobre 1927, à l’issue du délibéré du procès de Samuel Schwartzbard, jugé pour l’assassinat de Simon Petlioura, considéré alors comme responsable de nombreux massacres de Juifs en Ukraine...
Tandis que onze ans plus tôt...
Une commémoration des plus douteuses, par Patrick Gaubert
Simon Petlioura, précurseur de l'Ukraine indépendante et nationaliste, est aujourd'hui honoré à Paris. En est-il digne ?
LE MONDE
On se souvient de la magnifique "révolution orange" ukrainienne de fin 2004. Dénonçant la fraude massive, appuyé par la rue, Victor Iouchtchenko est élu président de la République. C'est l'état de grâce. Voilà l'Ukraine arrimée à l'Ouest avec la bénédiction des Etats-Unis.
Mais, très vite, la belle aventure "atlantiste" vire au cauchemar. L'Ukraine s'enfonce dans la crise. Pire, le souffle de la démocratie semble exhaler des relents nauséabonds dans une partie de l'Europe où nationalisme, antisémitisme et négationnisme font de nouveau bon ménage. Et la dernière péripétie orange a un nom : Simon Petlioura. Ce nom ne vous dit rien. Mais en Ukraine, l'ataman (général en chef) Petlioura est un héros. Pour la Licra, c'est un assassin.
Ce haut gradé, né en 1879, fut un
temps, en 1917, l'un des chefs d'une éphémère République d'Ukraine qu'il
défendit contre tous les envahisseurs possibles dans la région. A la
même époque, des centaines de milliers de juifs sont massacrés dans ce
qui restera l'un des plus sanglants pogroms du XXe siècle.
Après bien des péripéties, Simon Petlioura trouve refuge à Paris
en 1924. Deux ans plus tard, il est abattu de plusieurs balles en
pleine rue par un jeune horloger juif ukrainien naturalisé français,
Samuel Schwarzbard, décoré de la croix de guerre obtenue dans l'armée française pendant la première guerre mondiale. Arrêté, le jeune homme avouera spontanément qu'il a voulu, par son geste, venger les siens victimes des pogroms organisés en Ukraine.
Simon
Petlioura est enterré au cimetière du Montparnasse. Le procès, qui
commence l'année suivante, aura un énorme retentissement et se
transformera très vite en "procès des pogroms". Maxime Gorki vient même témoigner en faveur du jeune horloger. Finalement, grâce en partie au talent de Me
Henri Torrès, Samuel Schwarzbard est acquitté. Dans la salle se trouve
un jeune journaliste du nom de Bernard Lecache, qui crée, pour soutenir
l'accusé, la Ligue contre les pogroms, qui devient, quelque temps plus
tard, la Ligue internationale contre l'antisémitisme (Lica, puis Licra).
Fin de l'histoire ? Non.
L'Etat ukrainien, dans un contexte de fortes tensions nationalistes, décide d'honorer la mémoire de Simon Petlioura à l'occasion du 80e anniversaire de sa mort, de sa "tragique disparition", pour reprendre
la vulgate officielle. Où ? A Kiev, bien sûr ! Mais plus grave, à Paris
aussi ! Du 25 au 27 mai, toute une série de commémorations et de
colloques ont lieu, organisés par la bibliothèque ukrainienne
Simon-Petlioura (ça ne s'invente pas !), le Comité représentatif de la
communauté ukrainienne de France
et, bien sûr, l'ambassade d'Ukraine à Paris. Au programme : un dépôt de
gerbe au cimetière du Montparnasse, un colloque intitulé "La place et
la perception de la personnalité de Simon Petlioura aujourd'hui", la
visite du musée Simon-Petlioura (sic).
Mais il y a plus grave, ces organismes devaient se réunir, jeudi 25 mai, pour déposer
une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu, déjouant probablement la
vigilance du Comité de la flamme, organisateur des cérémonies de
ravivage. Trop, c'est trop ! Comment une telle manifestation peut-elle avoir
lieu en plein coeur de Paris, qui plus est sous l'Arc de triomphe,
notre Arc de triomphe ? Nous sommes tout simplement en train d'assister à un viol de la mémoire, à un déni d'histoire, à un second assassinat, posthume celui-là, des victimes juives.
C'est
pourquoi, face à cette ignominie faite à la France, à tous les citoyens
épris de liberté et à tous les défenseurs des droits de l'homme, nous
demandons que le gouvernement français, par la voix de son ministre des affaires étrangères,
proteste énergiquement auprès des autorités ukrainiennes en France
contre cette sombre commémoration. Nous en appelons également au
président de la République qui, plusieurs fois dans le passé, a su rendre hommage à toutes les victimes de la barbarie raciste et antisémite.
Tous les Français doivent savoir qu'un assassin est honoré sur le sol même de la République, dans ses lieux
de mémoire et de paix. Cela, la Licra ne le tolère pas. Au nom de son
histoire et de toutes celles et tous ceux qui périrent de la folie des
hommes.
Patrick Gaubert est président de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).
Le Monde
P.S. Je viens d'avoir le Musée Nationale de l’Histoire de l’Immigration au téléphone, il semble bien que le spectacle du 9 décembre ("Colloque : « La LICRA, antiraciste depuis 1927. Les permanences d’un combat »
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