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mercredi 4 septembre 2019

Vassyl Stous 1938-1985

Catégorie : poètes oukraïniens assassinés en 1985

Vassyl Stous
                        Kostomarov à Saratov, I, Année après année ta prison grandit...






За роком рік росте твоя тюрма,
за роком рік підмур'я в землю грузне,
і за твоїм жалінням заскорузлим,
за безголів'ям — просвітку нема.

Живеш — і жди. Народжуйся — і жди.
Жди — перед сконом. Жди — у домовині.
Не назирай — літа збігають згінні
без цятки неба й кухлика води.

Ти весь — на бережечку самоти,
присмоктаний до туги, ніби равлик,
од вибухлої злості занепалий,
боїшся межі болю осягти.

А світ весь витих, витух, відпалав,
не вгамувавши вікової спраги.
Він висмоктав із тебе всю одвагу,
лишив напризволяще і прокляв.
Année après année ta prison grandit,
année après année ses fondations s'enterrent,
par-dessus tes gémissements usés,
par-dessus ta détresse - pas la moindre lumière.

Tu vis - alors attends. Tu nais - alors attends.
Attends - jusqu'au trépas. Attends dans le tombeau.
Ne guette pas - les années passent, vaines,
sans un coin de ciel, ni une cruche d'eau.

Tu te tiens - sur la rive de la solitude
collé au chagrin, comme l'escargot,
vide après ta colère retombée,
et tu ne peux toucher les bornes de la douleur.

Et le monde devint muet, étouffé, consumé,
sans avoir étanché la soif séculaire.
Ayant sucé tout ton courage
il t'a abandonné après t'avoir maudit.

Traduit par Anne Renoue et Oles Masliouk
 


Le cycle "Kostomarov à Saratov" (dont "Année après année..." est la première partie) est paru dans la revue L’Intranquille, n°4-5, N.D. de Bondeville, 1999, pp.569-579 et le recueil samvydav à l'enseigne de la Librairie Oukraïnienne Éphémère, Paris, 1999, pp. 8-16.


En revanche, il me semble, "Si l'on pouvait à l'autre bout du monde se fuir soi-même..." ("Утекти б од себе геть світ за-очі...") est inédit en français.





De même que "Déjà, ô Mort, sommes tes amants fidèles...", entendu le 28 août.

Je voudrais attirer l'attention sur deux choses, qu'il s'agit à l'évidence de poésie mystique, d'une part, et d'autre part qu'il ne s'agit clairement pas de mystique chrétienne.

Autrement dit que Vassyl Stous est le martyr d'une Gnose non-chrétienne. Non d'une église, ni d'une secte, ni même d'un groupe de disciples (le seul qu'il eu l'ayant trahi), Stous martyr témoigne d'une déchirure métaphysique individuel, voire solipsiste. 


P.S. C'est aujourd'hui l'anniversaire de sa mort dans le camp de concentration Perm 36 : ...dans la nuit du 3 au 4 septembre 1985.



1 commentaire:

  1. "Comprends-moi : je ne suis pas un homme ordinaire. J’ai ma folie, je vis dans une autre dimension, et je n’ai pas de temps à perdre avec des choses sans âme "

    Henry Charles Bukowski

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