lundi 26 mars 2018

"On me raconte que la République Française... est à vendre..."

Dans les coulisses de LivreParis 2018

Voici quelques lettres extraites des RaffaLeaks, une très vieille affaire, début du siècle dernier, mais
d'une actualité toujours aussi dégoutante.
M. Raffalovitch



A M. DE WITTE
Le 17 décembre 1902.
Monsieur le Ministre,
...On me raconte que la République Française, journal fondé par GAMBETTA, que MÉLINE a plus ou moins ruiné, malgré les énormes subventions des protectionnistes et des sucriers, est à vendre pour 40 ou 50.000 francs. Il a encore 2.500 abonnés.

...Quant aux relations avec les journalistes quémandeurs et affamés, j'en suis profondément dégoûté et écœuré...
Votre très obéissant serviteur,
A. RAFFALOVITCH


A M. POUTILOV



Paris, le 9 août 1902.
Mon cher collègue,
M. Montagne
J'ai l'honneur de vous remettre une quittance du Journal des Débats de 4.000 francs, ce qui épuise le crédit de 8.000 francs.

Voici la date des paiements, en 1902

Janvier 2.000 francs, 1er trimestre;
Mai. 2.000 francs, 2e trimestre;
Octobre. 4.000 francs, 3e et 4e trimestres.

J'y joins un reçu de 1.000 francs, versés en mars à M. MONTAGNE, directeur de l'Agence Nationale et pris sur le crédit ouvert en novembre 1901.

Lorsque Son Excellence le Ministre des Finances reviendra, je vous prie de lui exposer la situation et lui demander de faire ouvrir, pour 1903, le crédit habituel de 8.000 francs. Je crois être très économe et très ménager des ressources mises à ma disposition.

Agréez, etc.
A. RAFFALOVITCH



A M. KOKOVTZEV



Paris, le 20 avril 1905.

Monsieur le Ministre,



J'ai rencontré hier l'amiral FOURNIER qui m'a parlé avec reconnaissance de toutes les bontés de S. M. l'Empereur pour lui et qui m'a dit « j'ai bon espoir »

Souhaitons que ce pronostic, venant d'un marin aussi distingué et aussi compétent, se réalise pleinement.



Je me sers de l'Eclair, grâce à M. VLASTO. L'Eclair a reproduit la note que j'avais donnée à Havas sur la dette russe, d'après le professeur MARGOULINE.



Par LENOIR, j'ai empêché le Signal de faire un grand article sur le livre d'ULAR « La Révolution Russe » a où l'auteur prétendait que nous dépensions

6 millions pour acheter la presse à Paris.



LENOIR me dit que le Petit Parisien, l'Echo et le Journal ont supprimé des télégrammes mauvais sur la situation intérieure russe. II vous sera facile de savoir ce que contenaient ces dépêches qui devaient paraitre aujourd'hui jeudi 20 avril (n. s.).


Votre très obéissant serviteur,


A. RAFFALOVITCH


A M. KOKOVTZEV

Paris, 30 juin 1905.


Monsieur le Ministre,

J'ai l'honneur d'envoyer à Votre Excellence les deux quittances de M. LENOIR, d'allocation aux journaux et revues pour la partie financière. En reprenant la réserve du Matin, j'ai pu constituer à l'aide de l’absorption de la plus grande partie du compte P. R., la somme de 95.000 francs, nécessaire au 1er juillet.

II me semble (1) malheureusement indispensable de continuer ces subventions mensuelles, en présence des émeutes d'Odessa et de la mutinerie de notre flotte. Les événements qui viennent d'ensanglanter le Midi  produisent sur l'opinion publique une impression beaucoup plus vive que les défaites et les insuccès militaires.
Votre très obéissant serviteur...


A. RAFFALOVITCH


En face de la ligne « Il me semble » le Ministre a écrit « oui ». (Note de l'éditeur, Boris Souvarine)
 


N.B. Le banquier juif Arthur Raffalovitch achète pour le compte du despote russe la presse française pour que celle-ci ne s'offusque pas trop des pogroms anti-juifs que le tyran inspire ("J'aime bien, voyez-vous, lorsque l'on frappe les Juifs"). 


A M. Poutilov

Paris, le 4/17 octobre 1905.

Mon cher collègue,
Voici une demande de décoration russe à laquelle je conseillerai fortement de donner une suite favorable il s'agit d'un homme de talent, qui fera son chemin dans la presse française, qui a ses entrées dans les grands journaux et qu'il y aurait tout intérêt à nous concilier. A qui et par qui faire présenter cette candidature & un Saint-Anne 3° ou à un Stanislas 2°, si possible avec les glaives? Un mot de réponse obligerait.

Votre bien dévoué,

A. RAFFALOVITCH.



P.J.


86, rue des Martyrs

Ce 18 octobre 1905.

Cher Monsieur,

Le bienveillant accueil que vous m'avez fait m'encourage à recourir à vous pour la réalisation d'un désir qui me tient à cœur : je désire obtenir une décoration russe pour ma campagne de Mandchourie, comme correspondant du Temps. La chose n'est impossible : plusieurs correspondants, un Russe, un Américain, ont déjà été décorés.
Oserai-je vous prier de prendre en main ma demande? Dans ce cas je suis certain d'avoir un résultat.
Daignez agréer, cher Monsieur, avec mes remerciements anticipés, l'assurance de ma très vive considération.


Raymond Recouly.



à suivre




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