mercredi 27 juillet 2016

"...le génial Tytchyna..." surprenant

Piotr Rawicz, 1981

Pavlo Tytchyna
... Он бьется перепелкою в сетях,
Расставленных вечернею газетой,
И вспыхивает пламенем в стихах
Тычины — гениального поэта.

Язык не может сразу умереть.
Leonid Kisseliov, 1967 
 

Il a été, dès ses débuts et du premier coup, un des grands poètes modernes de notre époque. A l'âge de trente ans, il écrivait des vers meilleurs que Rilke à 50, et que W.B. Yeats n'avait pas surpassé à 70.
Emmanuel Raïs, 1966  




Relire Tytchyna en 2016

par Mariyan Pyrih-Pirojok


Le chœur des clochettes sylvestres, 1917





Avec la saudad au cœur, 1910-11





Ni Pan, ni Zeus... 1918



Ce dernier poème est l'un des rares dont il existe une traduction française, et même deux, une réalisée par Dmytro Tchystyak, in "Clarinettes solaires", anthologie pastelle, Paris, 2013



Не Зевс, не Пан, не Голуб-Дух, —
Ni Zeus, ni Pan, ni Saint-Esprit –
Лиш Сонячні Кларнети.
Des clarinettes solaires.
У танці я, ритмічний рух,
Je danse dans l’éternel, uni
В безсмертнім — всі планети.
Aux rythmes planétaires.

Я був — не Я. Лиш мрія, сон.  
J’étais un Autre, un songe vain.
Навколо — дзвонні згуки,  
Les sons me tourbillonnent,
І пітьми творчої хітон,
Tunique de l’art, vers le matin,
І благовісні руки. 
 Des bras qui te claironnent.

Прокинусь я — і я вже Ти:  
Moi, réveillé, je te deviens,
Над мною, підо мною  
Me couvrent des rafales
Горять світи, біжать світи 
 Des mondes qui brûlent, qui roulent, rien
Музичною рікою.  
Qu’une suite musicale...

І стежив я, і я веснів: 
 Et je veillais, j’étais printemps,
Акордились планети. 
 Les mondes s’accordèrent.
Навік я взнав, що Ти не Гнів,— 
 Et tu n’es plus colère, mais chant
Лиш Сонячні Кларнети.
Des clarinettes solaires.


Et une première traduction parue dans l'Anthologie sable, en 2004, celle de Anne-Marie Dovhanyuk





Ni Zeus, ni Pan, ni l’Esprit-Saint –
Seulement les Clarinettes du soleil.
Je suis en danse, en mouvement rythmique
Et éternel. Je suis toutes les planètes.

Je ne suis pas moi. Je ne suis qu’un songe, qu’un rêve.
Les sons des cloches remplissent les alentours.
Le voile créateur des ténèbres m’entoure
Les mains bénissantes me touchent.

Je m’éveille et je suis Toi.
Sur moi, sous moi
Le monde flamboie, le monde s’en va
En fleuve musical.

Et j’observais et je m’épanouissais
Et les plantes s’accordaient.
Je retiens pour la vie, Tu n’es pas Fureur
Tu n’es que les Clarinettes du soleil.

Ni Zeus, ni Pan, ni Saint-Esprit –
Des clarinettes solaires.
Je danse dans l’éternel, uni
Aux rythmes plané
taires.

J’étais un Autre, un songe vain.
Les sons me tourbillonnent,
Tunique de l’art, vers le matin,
Des bras qui te claironnent.

Moi, réveillé, je te deviens,
Me couvrent des rafales
Des mondes qui brûlent, qui roulent, rien
Qu’une suite musicale...

Et je veillais, j’étais printemps,
Les mondes s’accordèrent.
Et tu n’es plus colère, mais chant
Des clarinettes solaires.

Traduction de Anne-Marie Dovhanyuk
Anthologie sable, 2004
Traduction de Dmytro Tchystiak
Anthologie pastelle, 2013




(à part soi) La difficulté est que la traduction devrait être "meilleure que Rilke", et convenez, ce n'est pas un résultat aisé à obtenir. Cette même difficulté avec la traduction de la poésie géniale de Chevtchenko, phénomène ancien, bien documenté et pourtant peu étudié. 

...même s'il faut sans doute nuancer l'opinion à ce sujet de Ivan Doubytsky : "Головної причини цього стану треба, на нашу думку, шукати передовсім у національній психіці французів."

"La raison principale de cet état de choses est à rechercher en premier lieu dans la psychologie nationale des Français" (traduction : Anonyme)

P.S. XII.2016. J'ai tenté de nuancer en posant la question de l'âme nationale. Et le résultat fut la découverte du quadrangle sous-jacent au triangle de la surdité française : Paris-Moscou-Kieff. En tout cas la preuve est faite, l'intuition de Ivan Doubytsky confirmée, il s'agit bien d'un biais de la psychologie nationale. Leur âme est gâtée, pour ainsi dire.


3 commentaires:

  1. "La raison principale de cet état de choses est à rechercher en premier lieu dans la psychologie nationale des Français" ?

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    1. Quel rapport avec la qualité des traductions ?

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    2. Doubytsky explique ainsi la non-réception dans la culture française de l’œuvre de Chevtchenko, contrairement à ce qui se passe dans les littératures en langues anglaise et allemande. Mais c'était en 1938 et depuis les choses ont beaucoup empirées.

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