lundi 15 mars 2021

Taras Chevtchenko, Passent les jours, passent les nuits...

Taras Chevtchenko par Oleksandr Arkhipenko
Тарас Шевченко
Taras Chevtchenko
1814-1861

 


Passent les jours, passent les nuits...
Минають дні, минають ночі...

 

 

 

 

 

  Interprétée par Onuka :


Минають дні, минають ночі,

Минає літо, шелестить

Пожовкле листя, гаснуть очі,

Заснули думи, серце спить,

І все заснуло, і не знаю,

Чи я живу, чи доживаю,

Чи так по світу волочусь,

Бо вже не плачу й не сміюсь...

Доле, де ти ! Доле, де ти ?

Нема ніякої,

Коли доброї жаль, Боже,

То дай злої, злої !

Не дай спати ходячому,

Серцем замирати

І гнилою колодою

По світу валятись.

А дай жити, серцем жити

І людей любити,

А коли ні... то проклинать

І світ запалити !

Страшно впасти у кайдани,

Умирать в неволі,

А ще гірше — спати, спати

І спати на волі,

І заснути навік-віки,

І сліду не кинуть

Ніякого, однаково,

Чи жив, чи загинув !

Доле, де ти, доле, де ти ?

Нема ніякої !

Коли доброї жаль, Боже,

То дай злої ! злої !

 

21.XI.1845

 

Passent les jours, passent les nuits,

Passe l’été. Chuchotent

Les feuilles jaunies, se ferment les yeux,

S’endorment les pensées, le cœur s’est endormi,

Le monde dort, et je ne sais plus :

Est-ce que je vis ou suis-je à l’agonie

Ou bien en vain je traîne de par le monde

Car je ne pleure plus, je ne ris plus…

Où est mon sort ? Où donc est-il ?

Je n’en ai pas !

Si tu n’as plus de sort heureux, Seigneur,

Donne-moi un sort méchant !

Celui qui marche ne le laisse pas dormir

Ni s’arrêter son cœur

Ni par le monde traîner

Comme un billot pourri.

Mais laisse-moi vivre, vivre avec le cœur

Aimer les gens,

Sinon… laisse-moi maudire

Et embraser le monde !

Oui, c’est terrible d’avoir les fers aux pieds,

En geôle passer sa dernière heure,

Mais pire encore est de dormir, dormir,

Dormir en liberté –

Et s’endormir pour toujours

En ne laissant nulle trace,

Aucune. Qu’importe alors

Que d’être en vie ou d’être mort ?!

Où est mon sort ? Où donc est-il ?

Je n’en ai pas !

Si tu n’as plus de sort heureux, Seigneur,

Donne-moi un sort méchant !

 

Traduction (Oles Masliouk) parue dans Mykola Khvylovy, La Route et l'Hirondelle, Monaco, 1993, pp. 234-235


 

 

 

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