samedi 17 novembre 2018

"Actualité du meurtre de la rue Racine"

à la lumière des publications récentes 
et plus anciennes
Une lecture oukraïnienne des événements par Oles Pliouchtch-Masliouk
30.XI.18 à 19.30 à la Librairie Publico / 145, rue Amelot, Paris 11°





























Simon Petlioura est né à Poltava en 1879, le 10 mai de l’ancien calendrier, le 22 du nouveau.

Journaliste, ses pseudonymes ont notamment été V. Martchenko, S. Tagon, V. Salevsky, I. Rokytyn, S. Prosvityanyn, O. Ryast.





Il fut militant, homme politique, homme d’état, ministre, chef des armées, président du Directoire, président en exil, martyre, symbole de la cause oukraïnienne.

Il est mort assassiné à Paris, le 25 mai 1926.



Dès sa fondation en 1900, Simon Petlioura devient membre du Parti Révolutionnaire Oukraïnien (Parti social-démocrate ouvrier oukraïnien à partir de 1905), ce qui après les révoltes paysannes de 1902, l’oblige à fuir en Oukraïne occidentale, territoire de l’empire austro-hongrois. Journaliste, il collabore avec le Literatourno-naoukovy Visnyk (Lviv), Dobra Novyna (Lviv), Selyanyn (Lviv), après l’amnistie de 1905 il revient dans l’empire russe, écrit pour le journal social-démocrate Vilna Oukraïna (St. Petersbourg), Rada (Kyïv), et l’organe officiel du Parti social-démocrate Slovo (Kyïv) et son mensuel Oukraïna. En 1909 il s’installe à Moscou, se marie et travaille en tant que comptable jusqu’en 1912. De 1912 à 1917, Simon Petlioura est rédacteur en chef du journal oukraïnien en langue russe paraissant à Saint Petersbourg : Oukraïnskaïa Jyzn. De 1916 à 1917 il est le responsable de l’Union pan-russe des Zemstvo sur le front de l’ouest. Il est élu chef du Comité militaire oukraïnien du front occidental après la Révolution de février <1917>. Elu président du Comité militaire oukraïnien général au premier Congrès militaire pan-oukraïnien. Lors de la formation du Secrétariat général de la Rada centrale (appelé à devenir le gouvernement oukraïnien), il est élu Secrétaire générale des affaires militaires. Poste dont il démissionne étant en désaccord avec la politique antimilitariste du gouvernement. Il s’occupe alors à la création du Bataillon de Haïdamaks de l’Oukraïne slobidska, formation militaire dont il prendra la tête et qui jouera un rôle décisif dans la libération de la capitale en janvier-février 1918 et saura mettre fin à la tentative de coup d’état bolchevik (Arsenal).



Une fois le gouvernement républicain renversé, Petlioura est arrêté et incarcéré pendant quatre mois dans la même cellule que Moïse Rafès, son futur ministre des
affaires juives, et, à l’époque, un dirigeant du Bund (Parti social-démocrate juif). Libéré, réfugié à Bila Tserkva, il rejoindra le soulèvement contre la monarchie du Hetman Skoropadsky. Elu membre du Directoire de la République Démocratique d’Oukraïne, nommé Chef suprême de l’Armée de la République Démocratique d’Oukraïne. Après la démission de Volodymyr Vynnytchenko (reparti poursuivre sa carrière littéraire en France), Simon Petlioura devient le 11 février 1919 président du Directoire. Assumant les responsabilités suprêmes, il suspend son adhésion au Parti social-démocrate ouvrier d’Oukraïne.

De ce jour, il est responsable de tout ce qui se passe sur le territoire auquel la République prétend.


<carte des
prétentions oukraïniennes à la conférence de la paix, 1919>

Jusqu’à son exil.
Après la défaite contre les bolcheviks.


En 1923 la Pologne n’est plus sûre, cette année le chef du gouvernement oukraïnien en exil a échappé à deux tentatives d’attentats ; en 1924 il s’installe dans un petit hôtel du Quartier latin, à l'angle de la rue Thénard. Tout près de l'église orthodoxe, roumaine, où seront célébré ses funérailles.





Le 25 mai 1926, après avoir déjeuné seul au Bouillon Chartier de la rue Racine, le trop crédule francophile Simon Petlioura s’arrête pour regarder les bacs de livres de la librairie Joseph Gibert lorsqu’une voix l’interpelle : « Pan Petlioura ? »  


La huitième balle restera coincée dans le canon du pistolet Melior, acheté peu de temps auparavant par le meurtrier, piètre soldat, mauvais poète, faux vengeur. 


Quant au contexte, en se limitant au contexte français, il comprend la fausse reconnaissance diplomatique de la République Démocratique d’Oukraïne par la République française, la réquisition illégale de la flotte de la Mer Noire oukraïnienne, la révolte des marins français bolchevisés, la longue histoire des trahisons françaises, mais aussi le contexte du Paris de l’époque, depuis le remboursement tant attendu de l’emprunt russe et y afférente Affaire Raffalovitch jusqu’à la programmation de la saison 1926/1927 au théâtre de l’Odéon et aux 5.000 francs mensuels que touche Henri Barbusse de l’Ambassade soviétique. 


Le contexte est aussi, surtout, la gestation de ce qui bientôt deviendra le négationnisme français du génocide commis contre le peuple oukraïnien. "









http://olespliouchtch.blogspot.com/2018/12/les-petits-russiens-et-les-oukrainiens.html



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