jeudi 14 juillet 2016

Lessya Oukraïnka : 120 ans de mépris pour la France méprisable

1896 - 2016


Користуюсь оказією і посилаю сеє «не любо, не слушай» через границю, просячи далі відправити поштою до Вас. А Вас прошу довідатись адреси «La Réforme» або якої іншої французької газети чи журналу радикального чи соціалістичного напрямку (такої, щоб була не franco-russe) і послати туди, не гаючись, оцю штуку. Попросіть від мене Ліду переглянути се, чи нема там чого надто варварського. Але відправити я вже попрошу Вас самих, а то Ліда за різними справами може забути про сю дрібницю. Спізнилась я трохи з посилкою сею, та коли ж часи у нас тепер nec plus ultra подлі, приходиться звертатись до спартаковського способу листування. «Да, были хуже времена, но не было подлей». А все-таки мені хочеться, щоб з Росії дійшов хоч один протест проти такої профанації поезії і хисту, якої допустилися французи сей рік у Версалі…
Lettre du 6.11.1896 à la veuve de Mykhaïlo Drahomanov


Petit poème en prose, dédié aux poètes et artistes qui ont eu l’honneur de saluer le couple Impérial Russe à Versailles


Yevhen Dzyndra, La Fille au livre, 1942
Grands noms et grandes voix ! De leur bruit sonore l’univers retentit !.. Certes, la faible voix d’une esclave qui chante n’aura pas la gloire d’attirer l’attention de ces grands demi-dieux à la tête couronnée de lauriers et de roses. Mais nous autres, pauvres poètes des cachots, nous sommes habitués aux chants sans échos, aux prières inexaucées, aux malédictions vaines, aux larmes inconsolées, aux gémissements sourds. On peut tout comprimer hors la voix de l’âme, elle se fera entendre dans un désert sauvage si ce n’est dans la foule ou devant les rois. Et le front qui n’a jamais connu de lauriers n’en est pas moins fier, n’en est pas moins pur, il n’a pas besoin de lauriers pour cacher quelque opprobre. Et la voix qui n’a jamais éveillé l’écho d’or n’en est pas moins libre, n’en est pas moins sincère, elle n’a pas besoin de célèbres interprètes pour se faire bien comprendre.

Or, laissez nous chanter, le chant est notre seul bien, on peut tout comprimer hors la voix de l’âme.

Honte à la lyre hypocrite dont les cordes flatteuses remplissaient d’arpèges les salons des Versailles ! Honte aux incantations de la nymphe perfide qui du chaos des siècles évoquait les ténèbres ! Honte aux libres poètes qui devant l’étranger font sonner les anneaux de leur chaînes librement mises ! L’esclavage est ignoble d’autant plus qu’il est libre. Honte à vous, comédiens, qui des lèvres sacrilèges prononciez le grand nom de Molière qui jadis de son rire mordant rongeait l’affreux colosse érigé pour la France par le feu Roi-Soleil. Le fantôme de ce Roi, si pâle à la veille, a rougi de joie à l’accent de vos chants dans la ville de Paris, cette ville régicide dont chaque pierre dit: à bas la tyrannie ! Malheur aux vieilles villes dont les pierres moisies, les lanternes rouillées et les places étroites sont de grands orateurs et ne savent pas se taire…

Prise de la Bastille
Bons Français, emmenez notre roi plus loin de cette ville des spectres, à Chalons, Trianon, n’importe où, mais plus loin, parce qu’ici dans les chambres d’Antoinette et de Louis, les mauvais cauchemars peuvent troubler son repos après tant de triomphe, après tant de victimes qui jonchaient le chemin de son char de César qui passait sur les morts. Est-ce en vain qu’après votre alarmante «Marseillaise» on chantait le refrain d’une suprême angoisse: «Dieu, sauvez le roi !»

Pont Alexandre III
Bâtissez bien le pont pour joindre les peuples, qu’il ne soit pas moins solide que ces vieux ponts royaux à Paris, à Moscou. Ceux-là ont bien soutenu la danse effrénée de la foule déchaînée animée par la haine, éclairée d’incendie. Ayez soin que votre pont ne s’écroule pas bien vite pendant un de ces jours de grands bals populaires, guerres ou révolutions, ces brillantes mascarades !

Grands poètes, grands artistes! quel sera votre beau masque couvrant vos faces célèbres pendant ces grandes fêtes ? Quel sera la costume, de quel siècle, de quel style, qui fera votre gloire dans ces «folles journées» ? Quant à nous, si obscures, inconnus maintenant que les grands de ce monde ne daignent pas nous voir, nous irons tous sans masque dans ces jours effrayants, car les masques de fer ne peuvent pas être changés en velours hypocrites.

Forteresse de la spiritualité MP-FSB
Savez-vous, grands confrères, qu’est ce que la misère ? La misère d’un pays que vous nommez si grand ? C’est votre mot favori, ce pauvre mot «de grandeur», le goût de grandiose est inné aux Français. Oui, la Russie est grande, un Russe peut être exilé même aux confins du monde sans être expatrié. Oui, la Russie est grande, la famine, l’ignorance, le vol, l’hypocrisie, la tyrannie sans bornes, et toutes ces grandes misères énormes, grandioses, colossales. Nos rois ont dépassé les rois égyptiens dans le goût du massif, leurs pyramides sont hautes et bien solides, votre Bastille n’était rien auprès d’elles ! Venez donc, grands poètes, grands artistes, contempler la grandeur des nos fortes Bastilles, descendez des estrades, ôter vos cothurnes et venez explorer notre belle prison. N’ayez pas peur, confrères, la prison des poètes qui aiment la liberté, la patrie et le peuple n’est pas aussi étroite que les autres cachots, elle est vaste et son nom est célèbre - la Russie ! Le poète y peut vivre et même en sûreté, à condition seulement d'être privé de son nom ou bien alors privé de tout.

Vivez en paix, confrères, ornés de vos grands noms ! Et toi, Muse française, pardonne à la chanteuse, esclave privée de nom ! Je t’ai moins profané dans ma prose indigente que tes libres amis dans leurs beaux vers dorés !

15 commentaires:

  1. Quel théâtre elle nous fait l'Ukraïnienne ! Tout ça pour une forteresse de la spiritualité orthodoxe au cœur de Paris. Pfff...

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    1. Ca doit être une feministe cette Lessie, une de ces FEMEN. Meme aboiements meme degaine.

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    2. Tres bonne teatr !!! Lessia Oukrainka grand dramaturg ukcrainien, grand forteresse de la spiritualite !

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    3. Oui, grand feminist Oukrainka.

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  2. "Petit poème en prose" est ironique puisqu'à l'évidence il s'agit d'un monologue de théâtre. Il suffit de le lire à voix haute pour s'en rendre compte.

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  3. Non mais c'est quoi ces commentaires de commères ? C'est pour faire le buzz autour de ce post ou bien?

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  4. C'est vrai qu'on peut écrire n'importe quoi ici et il dit rien.

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  5. У 1971 році драмами «Камінний господар» і «Кассандра» зацікавився відомий італійський режисер Джанфранко де Бозіо. Керований ним «Театро де стабіле» (Турін) славився зацікавленістю у слов’янській драматургії, у тому числі – й української. Митці обрали передусім драму Лесі Українки «Камінний господар» – вистава повинна була називатися «Дон Жуан», але з нез’ясованих і досі причин спектакль не відбувся. Згодом стало відомо, що якісного перекладу драми не було, й Україна також не спромоглася
    цю справу довести до кінця, хоча перекладачів з італійської мови в нас багато


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    1. En italien rien, en revanche son "Chant de la forêt" a été traduit en arabe et monté à Alger en 1987 : Переклад п’єси здійснив М. Бухеллат, як зазначила постановниця: «Вклавши в нього все своє уміння». Хаміда Аїт Ель-Хадж взялася за складну справу й перемогла. У своєму інтерв’ю тижневику «Альжері-Актюаліте» (1988. – No 1113) вона сказала: «“Лісова пісня” – це український “Гамлет”».

      Toujours dans Balbaban que vous citez : http://dspace.nbuv.gov.ua/xmlui/bitstream/handle/123456789/27604/07-Baraban.pdf?sequence=1

      Merci anonyme.

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    2. Leonid BARABAN, Le théâtre de Lessiya Oukraïnka par delà les frontières. Леонід Барабан, ДРАМАТУРГІЯ ЛеСІ УКРАїнКи ЗА РУБеЖеМ

      The author of article investigates the features of innovative dramaturgy of Lesya Ukrainka which anticipating its time revealed and asserted the diverse characteristic methods of the theatrical poetics in the 20th century. Studied are the features of her plays’ setting and staging in the contemporary theatrical practice

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  6. Єлисейські Поля, Єлисейські Поля
    Під осіннім під сонцем горять...
    ...І додому вертати не хочеться, бля,
    Рідний Києве, йоб твою мать.

    Золоті імена промовляю крізь плач -
    Елюар, і Жене, і Жакоб...
    А Хрещатиком ходять Павличко і Драч,
    Рідний Києве, мать твою йоб.

    Задощило зненацька в осінній порі
    І тоді, схаменувшись, як люди старі,
    Ми додому запрагли скоріш...

    На прощання насрали в Саду Тюїльрі...
    Це тобі за Отамана, Юдо Парі,
    Прокацапське педрило Паріж !..

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