vendredi 22 novembre 2013

Jadan dans le miroir de la critique littéraire française

Jadan, le Rimbaud anti-consumériste
REMINDER : Jadan, ce soir, à la Librairie Polonaise de Paris
123, bld. Saint Germain



N.B. Zhadan = Jadan

« Au tout début des années 2000, les noms de Ljubko Derech, Serhij Zhadan, Irena Karpa, Tanja Malarcuk ou d'autres scribouillards juvéniles commencent à garnir les rayonnages des librairies d'Ukraine et d'ailleurs, d'une prose trash ou cash, hédoniste ou poétique. Une 'littérature de combat', qu'elle soit bataille anti-consumériste pour le 'Rimbaud national', Serhij Zhadan , 30 ans, ou lutte contre les stéréotypes machos et le modèle 'bitch' pour la chanteuse rock, et écrivaine fantasque, Irena Karpa, 26 printemps.

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Loin des réseaux officiels d'impression, Internet participe à cet épanchement collectif grâce notamment à l'utilisation massive de la plate-forme www.livejournal.com : 'de plus en plus de bloggeurs s'improvisent éditeurs et publient leurs billets', pointe par exemple Anton, un étudiant à l'origine du site alternatif azhcom.ua. Voir ses écrits mis en ligne sur le blog de Yuri Izdryk, un journaliste-pygmalion du cru, ou être publié dans la revue 'Tchetvergue' (Tchetver) ['Jeudi'] est gage de carrière prometteuse. Les écrivains confirmés comme Serhij Zhadan n'hésitent pas eux-mêmes à mettre en ligne leurs écrits, histoire de tester leurs lecteurs et éventuellement procéder à quelques relectures et ratures.

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En 1991, l'Ukraine acquiert son indépendance et les auteurs officiels du régime tombent rapidement aux oubliettes, laissant un vide à combler.

Sur cette 'nouvelle page blanche' commencent à griffonner des romanciers, 'liés à la tradition soviétique mais désireux de s'en éloigner', raconte Andreï Mokroussov, rédacteur en chef de la revue littéraire 'Kritika'. D'autres privilégient ensuite le style 'naturaliste aux accents surréalistes' avant que ne surgissent en 2003-2004 les premiers livres des nouveaux héros de l'émo-génération', ‘qui réinventent la langue et renouvellent le genre' : avec des titres évocateurs, 'Kult', 'Depeche Mode', 'Anarchy in the UKR' ou 'Freud would have cry' ces nouvelles, chroniques ou autobiographies livrent un lexique sans tabous ou reprennent le vocabulaire de la rue pour une exacte ‘traduction du monde moderne’.

Pour la petite intelligentsia ukrainienne, Irena Karpa, Ljubko Derech et consorts seraient finalement les 'héritiers' -ou les 'copies'- de deux 'monstres' littéraires : Oksana Zabuzhko et Yuri Andrukhovych.

 

Zabuzhko, 48 ans, poétesse talentueuse et romancière farouche est devenue l'icône du mouvement féministe avec son roman 'Field Work in Ukrainian Sex'. Son alter ego masculin, Yuri Andrukhovych, fondateur en 1985 du groupe de poètes dissidents 'Bu-Ba-Bu' [pour Burlesque-Folie-Bouffonnade], n'a cessé au fil de ses ouvrages de décrire avec humour les aberrations du système soviétique. En ouvrant la voie à l'émergence d'une littérature ukrainienne contemporaine, libérée des carcans stylistiques du national-socialisme ou des clichés folkloriques traditionnels, Zabuzhko et Andrukhovych incarneraient la 'mère' et le 'père' de ces bas-bleus en couches-culottes. Contribuant à renouveler l'identité du pays. »


Prune Antoine, Ukraine : prose pop en stock. 2009
Commissionné par la European Cultural Foundation & Café Babel

 

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