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mercredi 11 septembre 2013

L’Empire contre-attaque :)

(Mais heureusement pour les impérialistes – le ridicule ne tue pas)


Je vous ai déjà fait part de mon étonnement concernant l’extravagante manière qu’a eu l’ABES (à la suite de la Bibliothèque Nationale de France) de traiter le recueil de Khvylovy, ou plus exactement son auteur.
"Prosateur et auteur de pamphlets. Nationaliste ukrainien."
Trois mois après que je me sois moqué d’elle, la très officielle Agence Bibliographique de l’Enseignement Supérieur a modifié la notice incriminée...

... roulement de tambour ...




Et oui, toujours "nationalise ukrainien" le camarade Fitiliov. Mais visiblement il s’est trouvé un russophone dans cette institution au service de l’enseignement très supérieur qui corrigea la transcription bien trop nationaliste de "Khvylovy, Mykola" en "Mikola Hvilʹovij". Et pour que les petits nationalistes dans mon genre ne puissent contester l’évidence, l’originale fut ajoutée à la notice : "Микола Хвильовий".


J’aurais dû présenter mes excuses à cette haute institution (d’Etat)... s’il n’y avait un tout petit détail. Il est bien vrai que transcrit du russe Mikola Hvil’ovij est une version parfaitement acceptable. Le problème est que l’original n’est pas écrit dans cette langue, mais dans une autre : l’oukraïnien. Et si la plupart des lettres des deux alphabets sont les mêmes, elles ne se prononcent pas forcément de la même manière. Ainsi ce N inversé se lit bien i dans la langue russe, en oukraïnien en revanche il correspond à un son imprononçable en français et qui ressemble assez à celui correspondant à la lettre russe Ы. Les deux (le И oukraïnien et le Ы russe) sont transcrit en français par la lettre Y.

Le i en oukraïnien ? Rien de plus facile : i. (Une lettre que les Russes ont perdue au cours de leur histoire agitée.)

Il existe aussi ce son oukraïnien qui fait tant rire les Russes, la lettre qui le désigne a cette forme : Г. En russe cette lettre se lit gué, et est transcrite (du russe) par la lettre G. Mais le son gué existe aussi en oukraïnien et nous l’écrivons avec ce petit signe rhinocéros : Ґ. Et pour le rendre en français utilisons la lettre G. Quant au Г oukraïnien, nous le transcrivons avec la lettre H. Vous connaissez un mot oukraïnien qui commence par cette lettre : Holodomor, "mort massive par la faim", phase finale du génocide oukraïnien. Le son est le même que celui correspondant à la lettre ה en hébreu.
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Ces enfants qui meurent de faim pendant que l’Europe repue mange du bon pain oukraïnien disent "Du pain, du pain. Nous avons faim."  - "Хліба, хліба. Голодні." On comprend facilement que la transcription dont se sert Suzanne Bertillon (mi-oukraïnienne mi-russe) est absurde puisque deux sons différents sont rendus par une seule et même lettre, le H.

Ainsi, si l’on retranscrit cette citation, dans le cas d’une lecture oukraïnienne cela donnera : Гліба, гліба. Голодні (deux mots incompréhensibles et "sommes affamés"), et dans une lecture russe : Хліба, хліба. Холодні. ("Du pain, du pain. Nous sommes froids.")
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Encore un détail. L’Agence Bibliographique de l’Enseignement Supérieur prétend que la source de son savoir (défaillant comme nous venons de le voir) est la BNF. Or la fiche de la BNF concernant Mykola Khvylovy est restée inchangée...

Cette histoire a une morale qu’il importe de formuler...

1 commentaire:

  1. Je me demande combien de temps il faudra à l’Agence pour réagir cette fois-ci.
    On verra bien. Nous sommes le 11 septembre 2013, top chrono.

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